Quand on évoque le « yoga pour enfants », on rencontre souvent le scepticisme des adultes qui estiment que les enfants ne peuvent pas saisir vraiment les subtilités du yoga. Ont-ils raison ?

Sur la base de témoignages de parents dont les enfants font du yoga à l’école, on est heureusement surpris de lire les résultats favorables obtenus, par exemple en Guadeloupe.

Je cite d’abord le témoignage de la maman d’une petite fille qui suit le cours de yoga du mercredi après-midi de 15 à 17 heures. Sa fillette lui dit que les relaxations lui procurent un grand bien-être, que les postures lui permettent de prendre conscience de son corps et que certains exercices de yoga lui ont permis de réussir des contrôles en classe. Et d’ajouter : « Après les cours, je la trouve métamorphosée, calme. »

Une autre maman dit : « Après l’école, elle est énervée, agitée. Après la danse, elle est volubile et sûre d’elle. Après le yoga, elle est détendue, calme et sereine. On a l’impression que rien ne peut l’atteindre à cet instant. Elle est débarrassée de ses peurs et de ses craintes. »

On pourrait citer bien d’autres témoignages de parents (médecins, éducatrices, etc) qui vont dans le même sens et se confirment. Les enfants se concentrent mieux, ont de meilleurs résultats scolaires et surtout sont sereins et détendus. Donc c’est très positif.

Comment expliquer tout cela ?

Nous trouvons la réponse dans les particularités des hémisphères cérébraux gauche et droit ; Le demi-cerveau gauche est le siège de notre ego, fonctionne linéairement, est le siège de l’intellect, de la logique, et donc fonctionne comme un cerveau mâle. Le demi-cerveau droit au contraire est le support de notre moi profond, de notre inconscient (au sens psychanalytique du terme) et prend conscience globalement de la réalité, est émotif, créatif, féminin.
Toute notre civilisation est axée sur le développement unilatéral du demi – cerveau gauche au détriment du demi’cerveau droit. Il en résulte un déséquilibre fondamental de la personnalité de l’enfant, ce qui se fait au détriment de l’être tout entier et crée des tensions, des stress, de l’angoisse, bref un mal de vivre général. Or, les enfants sont encore très proches de leur demi-cerveau droit, tout en subissant une formation favorisant presque unilatéralement le demi-cerveau gauche au détriment du droit.

Les enfants entrent de plein-pied dans le yoga, non pas forcés et contraints, mais avec enthousiasme . Leurs inhibitions devant la discipline scolaire s’atténuent et disparaissent et il en résulte des personnalités plus épanouies, plus disposées à développer aussi leur demi-cerveau gauche, donc des êtres plus harmonieux, plus équilibrés.

Ainsi, le yoga à l’école n’est ni incongru ni inaccessible aux enfants. Notre éducation, reflet de notre civilisation, crée ou voudrait créer des puits de science, des ingénieurs, des techniciens. Ce qui crée souvent des citernes pleines de savoir, tandis que te yoga veut créer des sources.

Le yoga ne se borne pas à entretenir leur souplesse corporelle grâce aux postures, ce qui est pourtant bien nécessaire, mais leur fait découvrir leur propre corps. En en prenant conscience, ils découvrent aussi l’univers du symbolisme où ils se sentent très à l’aise.

II est bien évident que cela exige de la part de l’éducatrice qui les initie au yoga, des qualités d’écoute, d’ouverture et, disons-le, de l’amour, sentiment qui ne figure pas au programme de notre système d’éducation. L’éducatrice elle-même doit avoir accès aux ressources de son propre demi-cerveau droit. Elle doit aussi pouvoir entrer dans l’univers ludique de l’enfant.
L’enfant est, de nature, créatif, intuitif : n’étouffons pas ces qualités majeures sous un amas de connaissances plus ou moins utiles.

Bien des problèmes de société trouvent leur origine dans la négligence témoignée vis-à-vis des fonctions de l’hémisphère droit. L’hémisphère gauche est intellectuel, maître de la parole, le droit, lui, est musicien, artiste, capable d’exprimer les émotions les plus profondes et les plus intimes. Le yoga est compris et vécu via l’hémisphère droit et, en ce sens, la pratique du yoga chez les enfants tend à réduire la dominance, amplifiée par l’éducation, du cerveau gauche. Cela permet de saisir pourquoi le yoga rend les enfants moins angoissés, plus sereins, mieux intégrés dans le groupe scolaire et finalement, améliore leurs résultats scolaires classiques. Développer les capacités de l’hémisphère gauche est valable tant que cela n’aboutit pas à étouffer son homologue droit.

Les effets de la pratique du yoga se manifestent bientôt à travers et au moyen des aptitudes des enfants à s’exprimer au moyen de dessins symboliques. Je suis 100 % d’accord avec ce qu’écrit Marie-Laure Fournier, psychologue clinicienne, que je cite : « Le yoga oblige au respect d’un circuit très spécifique à l’enfant, circuit qui n’utilise pas le langage ou l’espace conscient pour fonctionner, ce que fait habituellement l’adulte.»

Respecter cette circulation mentale rend la conscientisation accessible à l’enfant de manière douce et efficace avec, comme résultat, un ancrage dans la réalité où l’enfant ne sera plus ni spectateur ni dépourvu des moyens d’agir sur son corps et ses sentiments, mais véritablement acteur de ce qu’il vit, ou, plus précisément, de ce qu’il choisit de vivre.

Tout cela confirme et renforce ce que j’ai pu observer chez les enfants participant aux cours de yoga spécifique donnés dans mon institut de yoga à Bruxelles bien longtemps avant qu’il ne soit question de cours de yoga aux enfants dans les écoles. Madame Calecki, directrice maintenant retraitée, d’une école maternelle parisienne, organisait et donnait elle-même des séances – pour éviter le mot « cours » – de yoga, et obtenait des résultats qui surprenaient les parents,
lesquels finissaient par s’inscrire eux-mêmes à des cours de yoga classiques dans l’un ou l’autre institut parisien de yoga.

Mais, personnellement, je crois surtout que le yoga ne doit pas être imposé à l’enfant mais qu’il doit être volontaire pour le rendre d’autant plus disponible à tous les niveaux.
La relation améliorée avec son milieu familial est un résultat constaté tant à Bruxelles qu’à Paris ou en Guadeloupe (Educ-Yoga , la méthode d’Anne Bonneval) et partout où le yoga est dispensé aux enfants.

Je ne peux donc que me réjouir de voir le yoga prendre racine dans le milieu scolaire et les résultats obtenus feront pousser l’arbre du yoga pour le plus grand bien des enfants lesquels sont notre avenir.